s’en laver les mains 1


Expression :  s’en laver les mains ou je m’en lave les mains

Signification : déclarer qu’on n’est pas responsable de ce qui peut arriver.

Origine : Cette expression est en rapport avec l’habitude qu’avait Ponce Pilate, préfet de la province romaine de Judée de 26 à 36, de se laver les mains en permanence. Au moment du procès de Jésus, il refusa d’intervenir, laissant le peuple juif décider lui-même. De là est venue cette expression.

PILATE (ponce) en latin Pontius Ptlatus, ne doit sa célébrité historique, et pour ainsi dire proverbiale, qu’à l’insigne lâcheté qu’il montra, comme magistrat, lorsque les Juifs lui demandèrent la mort de Jésus. On ne sait rien de positif sur la famille et la. patrie de Pilale; on conjecture seulement qu’il était Romain. Quoi qu’il en soit, il fut nommé préteur de la Judée en remplacement de Gratus, l’an 20 ou 27 de J. C. Il administra cette province dix ans sous Tihère. Ce fut pendant ce temps que la populace juive, ameutée sourdement par les princes des prêtres et les pharisiens, traîna Jésus à son tribunal, demandant, avec menaces et vociférations.qu’il fût condamné et mis à mort, comme ayant blasphémé et excité la nation à se soulever. Pilate, après avoir entendu l’accusation et les témoignages produits contre Jésus, ne put prononcer sa condamnation, car il le trouvait innocent; mais il le renvoya à lit rode, roi de Galilée, qui se trouvait en ce moment à Jérusalem. Pilate voulait sincèrement sauver Jésus, et il espérait que la solennité de la Pàque lui en fournirait l’occasion. Cependant, Hérode renvoya l’accusé devant Pilate. Alors, celui-ci, pressé de nouveau par les ennemis de Jésus, et croyant calmer la fureur de la foule par quelque satisfaction, livra le captif à ses gardes, avec ordre de le flageller cruellement. Mais ce supplice ne suffisait point ; pour apaiser la rage de ces forcenés, il leur fallait la mort du juste : de toute part éclataient les cris : Qu’on le crucifie! qu’on le crucifie! Cependant, Pilate, convaincu de l’innocence de la victime qu’on lui demandait, cherchait à se dispenser de prononcer l’arrêt de mort. Mais lorsqu’il vit que les Juifs, loin de se rendre à ses raisons, le menaçaient lui-même de la colère de César, il fit conduire Jésus hors du prétoire, et prit place dans son tribunal, au lieu appelé en grec iithostortos, et en hébreu yaAôa Ma; puis, voyant qu’il ne gagnait rien sur les esprits, et que le tumulte augmentait de plus en plus, il se fit apporter de l’eau, suivant le récit de l’évangéliste saint Matthieu, et, se lavant les mains devant le peuple, il s’écria : « Je suis innocent du sang de ce juste; c’est vous qui en répondrez. » Alors on entendit ces paroles : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Et Pilate abandonna Jésus à la rage de ses bourreaux, qui le crucifièrent. Pilate, en punition sans doute de cette monstrueuse violation de la justice, fut lui-même en butte aux machinations de ceux à qui il avait immolé son devoir et son honneur. Ayant disposé de l’argent du trésor sacré pour faire travailler à un aqueduc, il vit le peuple se soulever contre lui, et fut obligé de recourir à la force pour étouffer la sédition. Plus tard, il exerça des cruautés contre les habitants de Samarie. Les plaintes de ces malheureux étant parvenues à Tihère, cet empereur priva Pilate de son gouvernement, l’an 56 de J. C., et l’envoya en exil, près de Vienne en Dauphiné, où, selon Eusèbe, il se tua de désespoir deux ans après : fin bien digne d’un homme qui, par crainte de la disgrâce, a^ait été capable de trahir les lois sacrées de la justice. —Assurément, la mort du Rédempteur du monde était, dès le commencement des temps, arrêtée dans les décrets de Dieu; elle avait été prédite par les prophètes : cette grande immolation était inévitable. Mais ici ce n’est plus l’aveugle fatalité du paganisme qui pousse au plus grand des crimes et qui peut les excuser. Pilate jouissait de son libre arbitre. Comme préteur, il pouvait, comme juge, il devait prendre sous sa protection, au péril même de sa vie, un innocent faussement accusé. Il est vrai que tant que sa conscience fut maîtresse de lui, il sut résister aux persuasions des pontifes, aux cris d’un peuple mutiné. Mais sa conscience capitula devant son ambition tremblante : au seul nom de César, dont il craint de perdre la faveur, quoiqu’il reconnaisse l’innocence, quoiqu’il soit toujours prêt à l’absoudre, il ne laisse pas néanmoins de la condamner. Il faudrait bien des sophismes pour pallier la lâcheté de Pilate. Jusqu’à la fin des siècles, la sentence qu’il prononça contre Jésus pèsera sur sa mémoire; jusqu’à la fin des siècles, Pilate sera le type de ces magistrats pusillanimes qui, pour ne pas déplaire au despotisme, quel qu’il soit, auraient la lâcheté de prononcer des condamnations que réprouverait leur conscience. Ils auront beau s’en laver les mains, le sang innocent sacrifié laissera toujours une souillure que rien ne saurait effacer, et qui sera pour eux la marque de l’infamie. C’est en faisant allusion à l’action de Pilate qu’on dit, dans le langage familier, je m’en lave les mains, pour déclarer qu’on n’est pas responsable de ce qui peut arriver

Exemple : Je serrai la main de mon ami, et lui répondis après un moment d’émotion :

— Ne crois pourtant pas que ma seule indolence me fasse conseiller le repos à mes ardents amis. Quand on peut empêcher un forfait, c’est une lâcheté de s’en laver les mains comme Pilate ; George Sand – Lettres d’un voyageur

One comment on “s’en laver les mains

  1. Reply dicocitations Juin 24,2011 5:14 pm

    ne pas interdire de puiser à l'eau courante, laisser prendre du feu à son feu, conseiller de bonne foi celui qui délibère ; toutes manières de rendre service sans frais.

    (la) Ex quo sunt illa communia : non prohibere aqua profluente, pati ab igne ignem capere, si qui uelit, consilium fidele deliberanti dare, quae sunt iis utilia, qui accipiunt, danti non molesta.

    Cicéron, De la vieillesse, De l'amitié, Des devoirs, Cicéron, éd. Paris, Garnier, 1933, t. I, partie 52, chap. xvi

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